Kasandra Bradette: croire en son étoile ~ Passion/Patin/Vitesse - Passion/Speed/Skating

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19 décembre 2017

Kasandra Bradette: croire en son étoile


Quand on regarde un ciel étoilé la nuit, on le voit souvent comme une toile en deux dimensions. Comme un rideau de velours éclairé de milliers de petites ampoules placées les unes à côté des autres.  Dans la constellation du patinage de vitesse courte piste au Canada, il est évident que Marianne St-Gelais est l’étoile polaire, mais cette constellation ne saurait être complète sans l’apport des autres étoiles. C’est dans un café du quartier Hochelaga-Maisonneuve, à quelques jours du départ de l’équipe canadienne pour la Hongrie en vue de la première manche du circuit de la Coupe du monde, que je me suis entretenu avec Kasandra Bradette en septembre dernier.  

Par Carl Savard
Photos par Schaats Foto’s, Patrick Charbonneau, Tony Chung (@SHORTTRACKHD) et collection personnelle Nancy Bélanger

Les débuts

Native de St-Félicien, Kasandra Bradette est une jeune femme énergique ayant toujours eu besoin de bouger.  Dès son jeune âge, elle est initiée à plusieurs sports, mais c’est au patinage de vitesse qu'elle trouve son compte à l’âge de dix ans.  Dès le départ, il est évident pour elle qu'il n’y a qu'une vitesse: à fond de train.  Comme elles ne sont qu'une poignée de patineuses de son âge au Lac-St-Jean,  elle compétitionne toujours contre les deux ou trois mêmes patineuses et elle n’a qu'un objectif: terminer première que ce soit une vague de qualification ou une finale importante. Sa passion est grande, son talent évident et après quelques années à performer en région, migrer vers Montréal devient une obligation si elle veut passer au prochain échelon.

Un chemin parsemé d'embûches
Il n’est jamais évident pour une jeune athlète de se déraciner, même si au niveau sportif ce choix nous permettra de fleurir dans un terreau plus fertile. “Ça été difficile de quitter la famille et les amis pour venir s’installer ici.  Au moins en dehors du patin j’avais l’école qui me prenait beaucoup de mon temps.”  Bien que ce déracinement fût difficile, ce n'était rien comparé aux embûches à lesquels Kasandra Bradette allait devoir faire face dans les années suivantes.  Des problèmes au dos allaient venir l’ennuyer pour la première fois en 2007-2008. Une fracture à la cheville allait ralentir ses ardeurs en 2010-2011 et les maux de dos allaient réapparaître en 2012-2013. Alors que les patineuses qu'elle affrontait depuis ses débuts en patinage de vitesse allaient en être à leur deuxième participation aux Jeux olympiques en 2014, c’est comme vous et moi via la télévision que Bradette allait devoir suivre les compétitions. En découvrant son parcours, on comprend mieux ses émotions du mois d’août dernier lors de la compétition servant à déterminer qui allait représenter le Canada lors des épreuves de Coupe du monde de l’automne et ultimement lors des Jeux olympiques de Pyeongchang en février 2018.  

Les sélections canadiennes 2017

Si les blessures l’ont empêché par le passé de pouvoir se hisser au sommet, la constance que peut apporter une longue période sans blessure aura définitivement été la clé de son succès en août dernier. Sur les neuf épreuves utilisées pour sélectionner l’équipe canadienne, Kasandra Bradette a participé à sept reprises aux finales principales.  Des performances lui permettant de faire sa place sur l’équipe provisoire en vu des Jeux olympiques de Pyeongchang.  “J’ai tellement passé par beaucoup d’épreuves que pour moi c’est un super de gros accomplissement.  Dans le dernier cycle de quatre ans, c’est là que je me suis rendu compte que j’avais probablement une place, mais pas avant ça.  C’était comme un rêve, un idéal.  Je ne pensais pas que c’était quelque chose que je pouvais atteindre. Finalement, en mettant les efforts, en travaillant et en essayant de trouver des solutions c’est là que j’ai vu que ça pouvait se réaliser.”  Une participation aux Olympiques est bien sûr le rêve ultime pour un athlète en patinage de vitesse courte piste, mais il faut auparavant passer par la saison de Coupe du monde. Même si le Canada choisissait son équipe en août, cette équipe devait tout de même mériter sa place aux Jeux en performant sur le circuit cet automne.

La route vers Pyeongchang

Comme il était difficile pour la jeune femme de St-Félicien de pleinement réaliser qu'elle participerait aux Olympiques lors de notre rencontre en Septembre, j’ai décidé de laisser passer la saison de Coupe du monde avant de clore notre échange.

Savais-tu dès le début de la saison quel serait ton rôle lors des différentes manches de la Coupe du monde cet automne?

“À la première Coupe du monde à Budapest, je faisais le 500m et le 1000m. Je n’ai pas fait de distance individuelle à Dordrecht. Pour l’Asie j’ai fait des 500m seulement.  Je savais dès le début que je ne ferais pas de 1500m de la saison.  Après les deux premières Coupes du monde, j’ai déduit qu'à moins d’un accident, je ne ferais pas de 1000m. L’entraîneur m’a alors confirmé que j’allais être en lice pour le 500m seulement.  Encore là, il se peut très bien que je sois aux Jeux comme cinquième patineuse pour le relais.”

Toi qui a été affligé de plusieurs blessures par le passé, comment s'est passée ta saison d'un point de vue santé?

“Les problèmes au dos et au cou habituels, mais rien de sérieux.  Je dois quand même gérer.  En revenant des deux premières Coupes du monde, j’ai traîné un rhume et ça s’est transformé en sinusite.  J’ai été sous antibiotiques dix jours un peu avant de partir en Asie.”

Est-ce que la situation politique en Corée est quelque chose à laquelle vous pensez, un peu comme les craintes concernant le virus Zika lors des Jeux de Rio?

“Non, on se concentre vraiment sur notre tâche qui est de se préparer pour les Jeux.  On est conscient de la situation, mais on fait confiance aux comités.  S’il y a quoi que ce soit ils prendront la bonne décision.”

Comment anticipes-tu le temps des fêtes considérant tout le focus que demande ta préparation pour les jeux?

“Le temps des fêtes n’est plus un enjeux depuis bien longtemps parce que nous avons normalement les sélections de janvier à préparer.  Ce sera donc la même chose pour cette année.”


Maintenant que la saison régulière est terminée et que la prochaine étape sera les Jeux olympiques, est-ce plus tangible que tu t’envoleras vers Pyeongchang, toi qui avait du mal à y croire il y a quelques mois?

“Tout devient plus concret. Même si depuis les sélections du mois d'août on se dit que c’est pour les Jeux qu'on s’entraîne, il manquait une étape, il fallait se classer.  Là, on s’entraîne pour les Jeux et ça ne pourrait pas être plus vrai. On en parle avec plus d’ouverture et de certitude.  Je me permet de l’assumer plus que je vais aux Jeux.  Je suis fière d’avoir surmonté les obstacles, je savoure tellement.”

Quand on regarde un ciel étoilé la nuit, on le voit souvent comme une toile en deux dimensions.  Un rideau de velours éclairé de milliers de petites ampoules placées les unes à côté des autres et plus on regarde longtemps, plus on en voit d'autres briller. Regardez plus longtemps.


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